Notre hommage : Qui est Marie Darieussecq ?
Selon nous, c’est simple : le seul auteur féminin qui peut rivaliser avec l’immense Michel Houellebecq.
Michel Houellebecq a édité son premier roman Extension du domaine de la lutte en 1994, et le roman de sa consécration Les particules élémentaires en 1998.
Entre les deux Marie Darrieussecq sortait Truismes, un roman absolument génial, trahi par son succès, entre La ferme des animaux de George Orwell et La Métamorphose de Kafka…
Je dis trahi par son succès, car le roman édité dans 40 pays s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires, ses droits d’adaptation ont été achetés par Jean-Luc Godard, et le grand public n’en aura retenu que l’histoire d’une esthéticienne très naïve, voire un peu salope, qui finit par se transformer en cochonne, alors qu’il y avait en second plan toute la critique de la pétassisation de la femme dans la société moderne, la montée des extrêmes, la nostalgie de la nature perdue, la perversité d’un système de nantis qui s’ennuient, le sexe comme vecteur de consommation et de domination des masses… Bref déjà, des thèmes Houellebecquiens traduits au féminin et passés par le tamis du fantastique, un fantastique qu’adore d’ailleurs l’auteur de Sérotonine qui consacra un essai à H P Lovercraft… Synchronicité…
Alors qui est Marie Darrieussecq ? Je l’ai croisée deux fois, une fois dans le TGV vers Biarritz, elle avait 29 ans, en plein succès, et je lui ai fait dédicacer un roman de Douglas Coupland, le génial Génération X, qu’elle ne connaissait pas, et que j’ai gardé. Ce jour-là, j’avais parié notre rencontre dans le train avec des collègues de Publicis et de Canal +, comme ça, suite à une vague discussion sur elle… Et le miracle s’est produit, elle y était, et dans le même wagon que moi… Je n’ai jamais compris cet incroyable hasard, j’en avais eu la chair de poule sur le moment, et je ne le comprends toujours pas aujourd’hui. Je l’avais même prise en photo avec mon Motorola à clapet de l’époque, pour mes potes, ce qui m’a valu une jolie cuite gratuite Aux Bains Douche la semaine suivante…
Merci Marie…
La seconde rencontre se tint chez Pierre Oteiza, plus de vingt ans plus tard, avec l’association Du Pays basque aux Grandes Écoles, dont elle est la marraine… Visiter les séchoirs à jambons du Roi basque des Cochons noirs avec l’auteur de Truismes, fut une vertigineuse mise en abîme… Marie était avec son mari, et ses deux filles prodigieusement intelligentes et gentilles… Entre-temps elle avait écrit : Naissance des fantômes, Le Mal de mer, Précisions sur les vagues, Bref séjour chez les vivants, Le Bébé, White, Simulatrix, Claire dans la forêt, Le Pays, Zoo, Tom est mort, Mrs Ombrella et les musées du désert, Clèves, Il faut beaucoup aimer les hommes, prix Médicis, et le magnifique Notre vie dans les forêts en 2017… Seize romans, sans compter les essais, le théâtre et les livres d’Art…
Je l’observais sans voyeurisme, comme je lis ses romans, essayant de trouver en elle la part de Marie et la part de l’héroïne de Truismes, qui n’a jamais de nom, en me disant que ses romans suivants, moins populaires, n’étaient jamais ennuyeux, juste des déclinaisons plus sages, plus émotionnelles, plus subtiles du premier. Je voyais une Yourcenar en elle, celle des Mémoires d’Adrien, et je me disais que sa douceur avec ses filles et son mari tranchait avec sa belle trogne austère, presque élisabéthaine, ou avec son ton trop ampoulé quand elle passait sur France Culture, oubliant que les adorateurs de la station l’appellent France Cul, et qu’elle pouvait se lâcher.
Pourtant, je devinais dans sa retenue pudique et ses sourires discrets, tous les attributs de la grande dame… Nous avons échangé sur l’écriture, elle m’a confié que ce n’était pas si dur que cela, même avec deux filles, qu’elle écrivait tôt le matin ou tard le soir, peu, mais avec régularité… Et je l’ai cru… Sans oser lui dire que j’écrivais aussi, peut-être avant elle, depuis le même lycée bayonnais qu’elle, Cassin, sous des noms d’emprunt, et que non, ce n’était pas si dur que cela…
Marie Darrieussecq n’est donc pas qu’un immense écrivain, mais c’est une maman géniale, une épouse attentionnée, et c’est une grande dame, le symétrique de son personnage deTruismes, peut-être même l’inverse : une fille d’Ustaritz mal dégrossie, proche de la nature et des cochons, qui grâce à des capacités intellectuelles et naturelles hors du commun, gravit les échelons du savoir, quitte le Pays basque, s’éveille à la vie à Bordeaux, à l’excellence à Louis Le Grand, puis enfin à l’esthétisme universel à l’École Normale Supérieure…
Bref, pas la trajectoire de l’esthéticienne à la cochonne, mais celle de la fille sauvage à la rue d’Ulm qui ouvre sur le Panthéon.
Ainsi, si un truisme est une vérité trop évidente pour devoir être énoncée, Marie Darrieussecq est son antonyme, une curiosité faite d’un mélange d’humanité et de sublime singularité littéraire. Elle porte en elle tous les paradoxes qui déchirent nos chairs, mais qui font aussi vibrer notre âme, ceux qui donnent un sens à notre vie au sens du philosophe Viktor Frankl, ceux qui nous rendent notre vraie place entre l’instinct et le divin, à savoir celle de l’humain.
Lisez Marie Darrieussecq, vous vous comprendrez mieux, vous vous comprendrez moins, vous serez plus sereins.
© Franck Sallaberry pour l’Institut Pays basque Excellence.
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