Patrice ROULEAU

Notre Hommage : Patrice Rouleau a vu sa vie de jeune homme bouleversée par l’océan. Une vague de bord qui a brisé sa moelle épinière et qui l’a cloué sur un fauteuil pour le reste de sa vie…

Rouleau brisé par un Rouleau, l’ironie est trop cruelle pour ne pas avoir de sens.

Ce sens, Patrice Rouleau l’a trouvé dans l’art, dans l’amitié, ainsi que dans l’amour d’une poésie à la fois naïve, naturaliste et profonde qui s’est incarnée dans Kaïkou en 1972. Un adorable chien de berger, un compagnon fidèle dont les aventures ont fait tendrement sourire les pages du journal Sud Ouest et de nombreux albums depuis.

Parce qu’il a traversé la vie à la hauteur d’un enfant de 10 ans, Patrice Rouleau a conservé le regard d’un gamin qui se sentant minuscule devant la méchante démesure du destin, décide de la mettre en dessin, à l’instar des mômes qui pour conjurer le mauvais sort ou se guérir d’un traumatisme, colorient les murs de leur chambre.

Cependant, Patrice Rouleau est bien davantage qu’un dessinateur. Il maîtrise aussi l’art des mots, semant ses dialogues de périphrases rimantes, d’aphorismes inspirants, et de savoureuses digressions qu’il délivre de sa voix de conteur espiègle et gourmand.

L’homme est attachant, insondable, magnétique. Sa présence est telle que souvent vous avez l’impression qu’il vous dépasse d’une tête, alors qu’il est assis, là, sous vos yeux… Parfois, les siens se fixent sur un objet, sur un dessin, sur une fenêtre. Il s’absente alors quelques secondes, enlevé par une idée… Puis il revient à la réalité avec une moue complice qui vous émeut, et c’est à cet instant que vous redevenez un enfant.

Patrice Rouleau a vu sa vie de jeune homme bouleversé par une vague. Un shore break qui l’a cloué sur un fauteuil pour le restant de sa vie. Ce rouleau ne l’a pas brisé cependant, il lui a permis de prendre davantage de hauteur que la plupart d’entre nous en lui révélant des secrets sur le sens de l’existence qui l’inspirent depuis…

Toutes ces leçons du destin, Patrice en a nourri un ami imaginaire, un chien de berger, un adorable compagnon de papier, ce Kaïkou qui lui sera encore fidèle quand nous aurons tous regagné depuis longtemps les étoiles qui brillent au-dessus de nos montagnes. Car les hommes passent, les amis sincères, eux, fussent-ils imaginaires, gardent nos cœurs pour l’éternité.

© Franck Sallaberry pour l’Institut Pays Basque Excellence

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